Le Monde : 19/11/2014
On savait la politique de la ville recentrée sur un plus petit nombre de territoires depuis le vote de la loi Lamy sur la ville en février. Dans son rapport « France, portrait social », rendu public, mercredi 19 novembre, l’Insee lui donne désormais un visage : si les quartiers bénéficiaires sont toujours majoritairement situés dans les grandes agglomérations de la région parisienne, du Nord et du Sud-Est, le Centre, le Languedoc-Roussillon et la Picardie montent en puissance.
Pour désigner les quartiers bénéficiaires des crédits DE la politique de la ville, la nouvelle géographie prioritaire n’a retenu qu’un seul critère, celui du revenu. Auparavant, des critères croisés intégrant le taux de chômage, la présence de GRANDS ensembles, ou la jeunesse de la population permettaient de cibler les territoires relégués. En souhaitant concentrer les priorités d’intervention SUR LES territoires les plus pauvres, le gouvernement en a réduit le nombre : de 2 500, ces derniers sont passés à 1 300.
La nouvelle carte a aussi intégré de nouveaux territoires jusqu’alors peu CONCERNÉS par une politique ciblée sur les banlieues. 300 communes sont ainsi sorties du dispositif, 100 y sont entrées. Mais au final, selon l’Insee, si la politique de la ville a été recentrée, elle CONTINUE à concerner les mêmes quartiers avec quelques modifications régionales.
Une répartition régionale révisée
Le noyau dur de cette géographie est constitué de communes déjà considérées comme prioritaires : six sur sept figuraient dans la précédente et 94 % des habitants aujourd’hui concernés résidaient déjà dans des quartiers prioritaires auparavant. Leur très grande majorité est située dans des agglomérations de plus de 200 000 habitants ; 32 % en région parisienne. Mais dans la nouvelle géographie – hormis en région parisienne où c’est l’inverse –, la POPULATIONciblée habite un peu plus dans la ville-centre qu’en banlieue.
C’est la répartition régionale qui bouge le plus sur cette carte. Trois régions montent en puissance : le Languedoc-Roussillon, le Centre et la Picardie abritent d’avantage de quartiers considérés en difficultés qu’auparavant et la part de la population ainsi ciblée augmente sensiblement. C’est aussi le cas de la Seine-Saint-Denis dont le poids relatif passe de 9 % à 14 % dans l’ensemble de la politique de la ville.
Les différences régionales se voient aussi au regard DE la composition des familles : si en région parisienne et dans l’Est, les quartiers prioritaires se caractérisent toujours de manière marquée par des familles nombreuses vivant en HLM, ceux de la moitié Nord ou de l’Ouest voient beaucoup plus de familles monoparentales alors que, dans le Sud de la France, la population cible est notablement plus âgée.
Sylvia Zappi