L'Alsace : 21/11/2014
Publication n° 1151
Un décret limitant le redoublement est paru hier. Aujourd’hui, le gouvernement annonce un plan de lutte contre le décrochage scolaire et attend un rapport
pour revoir le système de notes. Mais les élèves en difficulté existent toujours. Les moyens suivront-ils ?
Les redoublants vont être moins
nombreux et la lutte contre le
décrochage plus intense.
La première tendance est actée
par un décret paru discrètement
hier au Journal Officiel. Ce texte
limite le redoublement à des cas
précis : pour pallier une « rupture
importante des apprentissages
scolaires » ou pour un « refus
d’orientation en troisième et seconde
». Dans tous les cas, la
mesure nécessite l’accord écrit
des représentants légaux de l’élève
ou de l’élève lui-même, si
celui-ci est majeur.
La seconde tendance est annoncée
aujourd’hui par trois ministres
: Manuel Valls, François
Rebsamen et Najat Vallaud-Belkacem.
Un plan national de lutte
contre le décrochage scolaire est
mis en place. Il s’inscrit dans un
objectif proclamé par le président
de la République : diviser par
deux le nombre de décrocheurs
au cours de sa mandature.
L’état des lieux :
désastreux
Aujourd’hui, et malgré une diminution
ces dernières années, la
France se situe en tête des pays
européens pour le nombre de ses
redoublants : 28 % des jeunes
Français âgés de 15 ans ont testé
ce « couperet » auquel les enseignants
sont attachés. Le décrochage
est aussi un phénomène
important. À l’heure actuelle, on
estime à 140 000 le nombre d’élèves,
de 16 à 25 ans qui quittent
chaque année le système de formation
initiale sans avoir obtenu
de diplôme professionnel ni le
baccalauréat. Pour ces jeunes
sans diplôme, le risque de chômage
est deux fois plus important
que pour ceux qui possèdent le
baccalauréat ou un titre équivalent.
Mais le redoublement, comme le
décrochage, ne sont que des conséquences
de difficultés scolaires.
Des conséquences en forme de
partie émergée d’un iceberg… En
effet, à l’entrée en sixième, un
élève sur cinq montre de grandes
fragilités face à l’écrit. Le redoublement
éliminé, quelles seront
les alternatives pour faire en sorte
que les élèves ne soient pas perdus,
faute d’acquisitions suffisantes
l’année précédente ? Le décret
paru hier ne le précise pas. Il
indique seulement qu’« en cas de
redoublement, un dispositif d’aide
est mis en place, qui peut s’inscrire
dans un programme personnalisé
de réussite éducative. » Ce
dispositif existe, mais n’a pas fait
ses preuves.
Accompagnement
individualisé
La ministre veut aussi greffer un
nouveau système de notation
pour que le côté sanction de la
mauvaise note n’entraîne pas le
découragement scolaire, source
du décrochage. Les expériences
dans 2000 établissements ayant
modifié ou abandonné la notation
classique peuvent servir de base.
Pour le moment, tous les
gouvernements ont renoncé.
En ce qui concerne le décrochage,
il faudra voir si le principe du vase
communiquant avec le redoublement
fonctionne : en août le Conseil
national d’évaluation du
système scolaire (CNESCO) avait
évalué le coût du redoublement à
1,6 milliard. Ces crédits seront-ils
réinjectés dans la lutte contre le
décrochage ? Najat Vallaud-Belkacem
a déjà promis que l’effort
porterait sur la détection précoce
des difficultés scolaires et indiqué
qu’elle souhaitait un accompagnement
individualisé et renforcé.
Il faudra voir quelles mesures
non éculées et surtout quels
moyens le permettront dans les
classe.[/center]