Des travailleurs sociaux travaillés par le doute

TSA : 26/11/2014

Un travail toujours plus dense, complexe, insuffisamment rémunéré, et qui perd progressivement de son sens : ASSISTANTS sociaux et autres éducateurs portent un regard critique sur leur métier, d'après une enquête de travailleurs sociaux CGT. Leurs motivations, pour autant, demeurent élevées.
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Les vocations des travailleurs sociaux sont mises à rude épreuve, d'après une enquête publiée par le collectif des « professionnels du travail social », qui rassemble plusieurs fédérations au sein DE l'union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT (UGICT-CGT). Pendant plus de cinq mois, les syndicalistes ont proposé un questionnaire en ligne à leurs confrères : « Personnel du travail social, à vous la parole. » Les résultats peuvent donc être plus ou moins biaisés, puisque la plupart des répondants étaient des utilisateurs du site de l'UGICT. Et il est à noter que dans le panel, les assistants sociaux sont largement représentés (67 %, CONTRE 21 % pour les éducateurs), ainsi que les employés des collectivités (52 %, contre 20 % pour les salariés de l'économie sociale). Néanmoins les 716 réponses mettent en lumière un malaise professionnel, déjà repéré au sein des CCAS.
Parcours professionnels

Les carrières, tout d'abord, paraissent peu engageantes. Ainsi 39 % des répondants jugent leur situation professionnelle instable, du fait par exemple d‘une réorganisation de leur service. Ils sont en outre 65 % à porter une appréciation négative de la mobilité dans leur organisme – en premier lieu parce que les possibilités offertes s'avèrent peu nombreuses.
Conditions de travail

Et les conditions de travail semblent s'empirer. Pour 84 % des répondants, le labeur s'est intensifié, et pour 86 %, il s'est complexifié. Ils sont désormais 60 % à juger leur charge de travail excessive. Les deux tiers estiment que la vie professionnelle déborde sur la vie privée, surtout en raison du stress. Une bonne nouvelle est cependant à souligner : le climat de travail est bon, pour 61 % des répondants - en premier lieu du fait des rapports avec les collègues.
Motivations

Par ailleurs les professionnels du social demeurent motivés : 67 % jugent leur emploi intéressant, voire passionnant. Il reste que leurs raisons de travailler s'érodent. Ils ne sont que 11 % à penser pouvoir réaliser un travail de qualité. Les autres regrettent de devoir agir dans l'urgence, de manquer de collègues, de subir des injonctions paradoxales… Et finalement, pour 66 % des répondants, le travail perd progressivement de son sens. Pour renforcer les motivations, il faudrait pouvoir « retrouver les valeurs intrinsèques » de l'action sociale, « disposer de davantage de moyens », ou encore « s'extraire du court-terme »…
Reconnaissance

Quant à la reconnaissance professionnelle, elle paraît décevante. Si la moitié des répondants s'estiment reconnus au sein de leur organisme, ils ne sont que 27 % à se satisfaire de leur salaire au regard de leur QUALIFICATION. La priorité, pour 570 répondants, est aujourd'hui de revaloriser les salaires et les parcours professionnels.
Des pressions qui s'aggravent

Toutes ces pressions sur les travailleurs sociaux sont sans doute apparues « il y a une vingtaine d'années », estime Michèle Vantorre, co-animatrice du collectif. Mais à ses yeux, « elles s'aggravent ». Elle les met sur le compte des « baisses de budgets », qui rongent les moyens à la DISPOSITION des personnels, mais aussi les effectifs, et même les services publics existants. « Les associations de bénévoles tendent à pallier ces manques. »
Mais au-delà de la crise, Michèle Vantorre met en cause « la façon dont on considère l'action sociale aujourd'hui » : « On n'estime pas qu'elle est aussi un INVESTISSEMENT, qui peut rapporter à la société. » Selon elle, en CCAS notamment, « tout est fait pour limiter le recours aux droits ».
« Contre-parole »

Le collectif entend désormais s'emparer de cette enquête « pour affirmer une autre conception » de la profession et « faire des propositions ». Dans le cadre des Etats généraux du travail social, par exemple ? « Ils sont une mascarade », rejette Michèle Vantorre. Les syndicalistes préfèreraient proposer une « contre-parole ». Une RENCONTRE nationale des travailleurs sociaux est envisagée pour le début de l'année 2015.

Les salariés DE l'aide à domicile « maltraités »
Qu'ils soient travailleurs sociaux ou non, les salariés DE l'aide à domicile sont aujourd'hui « en colère », selon la CFDT santé-sociaux : le syndicat les appelle à se rassembler devant le ministère des Affaires sociales, ce 26 novembre à Paris, pour réclamer notamment une augmentation salariale, qu'ils attendent « depuis plus DE cinq ans ». La CFTC santé-sociaux, quant à elle, ne SERA pas de la manifestation ; mais elle diffuse une lettre ouverte ALERTANT sur la « maltraitance » subie par ces salariés.



Par Olivier Bonnin